dimanche 1 mai 2011

zelig & czarna

ten years before he died, here's what isaac singer had to say: "at its best, art can be nothing more than a means of forgetting the human disaster for a while ...
i am still working hard to make this "while" worthwile" ( july 6, 1981)
isaac bashevis singer venait de la même voïvodie, la même province de pologne que celle de mes parents, nés à peu près en même temps que lui (mais morts beaucoup plus tôt) ... le plus important, c'est qu'ils parlaient le même yiddish, ils le parlaient avec le même accent ... je me dis que zelig et czarna devaient avoir les mêmes souvenirs que lui ... mêmes souvenirs, mêmes histoires, mêmes odeurs, même yiddish ... je me souviens que la machine à coudre de mon père, à paris, était une singer ... ce petit bonhomme là parle pour eux, qui ont si peu parlé ...
(je me lasse pas de voir et de revoir ce petit film, d'écouter l'accent rusé, criard, fatigué, d'isaac singer, et je ris à chaque fois tout haut de ses réponses aux journalistes, des réponses qui rendraient les plus savoureux dialogues de woody allen d'une lourdeur de béton armé)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Question importante que soulève Singer. L'art serait là aussi pour faire oublier le désastre ambiant... Toute ma vie j'ai refusé cela. Et je crois que je continuerai. Je ne crée - j'essaie parfois - surtout pas pour fabriquer du "baume au coeur", et faire oublier le désastre quotidien. Bien au contraire ! L'art comme onguent, quelle horreur ! En tout état de cause, le meilleur consiste à ne surtout pas faire que cela, à ne pas privilégier cet aspect précis de l'art sur le reste. En angleterre on "use to say" "a pause in the disaster"... si vous allumez la télévision en ce moment même, 13h le 29 avril 2011, vous verrez très clairement ce que cela peut vouloir signifier... sauf erreur de ma part...

skorecki a dit…

ce n'est pas ce que dit singer, vous n'y êtes pas .... ce qu'il a vécu c'est une expérience apocalyptique dans tous les sens .... avant que ne 'effacent les seules traces de ce qui fut (un pays, un peuple, une langue ..), il travaille à ce que le souvenir de tout ce qui est en train de disparaître ne s'éteigne pas tout à fait ...

Anonyme a dit…

D'accord. Problème de traduction et de lecture hâtive, je n'avais pas compris que le "disaster" dont il est question ici était cette saleté, cette tâche indélébile, cette saloperie ignoble de destruction organisée de cultures et d'êtres humains... Le "désastre" est comme tout et toujours, relatif, perdre un match de football peut être un "désastre". C'est un peu ce sens du mot "désastre" qui me venait à l'esprit en premier... le désastre ordinaire et quotidien...


" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."