vendredi 19 novembre 2010

les chansons de sam fuller (3)/paul anka/verboten


sam fuller m'a projeté le film chez lui sur un vieux projecteur, en copie 16mm, en juillet 1963 ... je me suis réveillé à la fin ... il rigolait, pas vexé pour un rond ... un ami musicien m'a dit un jour que s'endormir (à une musique, à un film), était toujours un bon signe ... je crois qu'il avait raison ... en 1963, dans la maison/capharnaüm de fuller, j'ai découvert (il en était très fier) des vestiges/symboles du tournage de naked kiss: la perruque de constance towers, un uniforme, et surtout le tableau noir du synopsis du film, qui s'appelait encore the iron kiss ... c'est cette année là qu'il m'a donné en plusieurs exemplaires (il en était encore plus fier), une superbe photographie de john ford, venu lui rendre visite sur le tournage de naked kiss (ne pas oublier que le sergent noir et naked kiss ont la même actrice en commun, la sublimement fordienne constance towers) ... sur la photo, les deux hommes se donnent l'accolade ... c'est très beau ...

les chansons de sam fuller (4) / i shot jesse james

i shot jesse james, le premier film de samuel fuller, tout en chapitres chantés, tragiques et légers à la fois ... don't forget robin short's name, he is the troubadour whose songs punctuate the film, like in a tragedy

les chansons de sam fuller (5)/ nat king cole/china gate


j'ai encore le 45 tours de china gate, signé en 1963 par sam fuller: to jean-louis noames, the new wave in magazines (il voulait parler de visages du cinéma)

jeudi 18 novembre 2010

from darby and tarlton to the beatles


darby & tarlton/little ola (1929)louvin brothers/kentucky

four freshmen/that's my desire

everly brothers/kentuckyphil phillips/sea of love

beatles/here, there and everywhere

sur samuel fuller (notes d'après beaubourg)


Je me suis retrouvé l’autre jour en sous-sol, à Beaubourg, en train de présenter un film peu connu de Samuel Fuller, White Dog. Un miracle de réussite tardif (1982). J’ai réalisé quelques heures après le débat (chaleureux, confus, brouillon, éparpillé) que je n’avais pas présenté de film depuis … 46 ou 47 ans. Contrairement à la plupart de mes collègues journalistes, ma carrière d’animateur de ciné-club n’a duré que deux ou trois ans, pendant lesquels je me faisais quelques sous en présentant des films dans le cadre de la FFCC (fédération française des ciné-clubs). La toute dernière fois que je me suis risqué à l’exercice périlleux du débat, c’était pour le Désert Rouge d’Antonioni, ce qui me valut d’être exclu de la FFCC grâce à l’intervention d’un collègue des Cahiers du cinéma, Michel Delahaye, qui n’avait pas apprécié mon style sans doute un peu trop perso à son goût. Que s’était-il passé? J’avais proposé au public un exercice particulier, présenter un film … que je n’avais pas vu. On en parlerait après la projection, à égalité d’expérience. J’avais aussi prévenu la FFCC que, n’étant pas du tout un fan d’Antonioni, il y avait de fortes chances que n’aime pas le film. Ce qui fût le cas : j’ai détesté le Désert Rouge. Si je me souviens bien, le débat fût passionnant, et personne ne s’en est plaint. Sauf Delahaye, qui m’avait précédé aux Cahiers d’au moins dix ans, et qui s’étourdissait volontiers de l’intellectualisme frigide d’Antonioni. Finis, les quelques sous que me procuraient mes présentations de films, je fus définitivement exclu de la FFCC, grâce aux protestations aristos du grand Delahaye (qui vient, à 90 ans, de sortir un beau livre sur le cinéma, aux editions Capricci).
Tout ça, ces souvenirs de jeune homme impatient, m’est donc revenu en trombe, comme une bourrasque intempestive, sans que j’ai pû en faire bénéficier les spectateurs de Beaubourg avec lesquels je venais de discuter de ce très beau Fuller oublié.
White Dog permet de réévaluer l’oeuvre de Fuller. Disons que c’est le seul bon film de ses quarante dernières années. C'est triste mais c'est comme ça. Tous ses chefs d'oeuvre, il les a réalisés en quinze ans, à commencer par ses toutes premières images muettes sur la libération du camp de concentration de Birkenau (le film sera sonorisé et terminé par Emile Weiss des dizaines d'années plus tard). La cassure dans l’oeuvre de Fuller se produit après Merrill's Marauders, chef d'oeuvre guerrier où le cinéaste tue littéralement son héros, Jeff Chandler, pendant le tournage (le fait que l'acteur ait été malade, et consentant, ne change rien à l'affaire). Quelques mois après Merrill's Marauders, Fuller tourne ses deux films-suicide, Shock Corridor et Naked Kiss (1961/62), trop marqués par Un grand amour de Beethoven d'Abel Gance, et par les premiers Godard. Fuller se prend pour un artiste, la pire chose qui puisse arriver à un cinéaste américain. Il passera le reste de sa vie faire des mauvais films, et à radoter, radoter, radoter.

sur samuel fuller (suite)

il est de bon ton, en france, d'adorer shock corridor et naked kiss ... j'ai toujours été gêné de l'excessive admiration qu'on leur porte ... je préfère de loin ce tardif white dog (1982), une merveille de fable romantico-journalistique, que j'ai pris longtemps pour un film de télévision ... .... pas plus tard que dimanche, à beaubourg, pierre rissient me redisait que shock corridor était un chef d'oeuvre absolu, et serge bozon proclamait à qui voulait l'entendre son admiration éperdue pour naked kiss ... j'ai rencontré sam fuller pour la première fois chez lui, l'été 1963, dans les environs de los angeles, au moment où il venait de terminer naked kiss ... dans les trois années qui ont suivi, avant qu'il ne s'installe en france et se mette à radoter, radoter, radoter, j'ai fait des dizaines d'heures d'entretien avec lui ... j'ai même nagé dans sa piscine (avec l'ami daney, si je me souviens bien) ... ces dizaines d'heures d'entretien sont parues en partie dans deux numéros de présence de cinéma, la meilleure revue de l'époque (dans laquelle jacques lourcelles et pierre rissient, entre autres, écrivaient)
pourquoi je vous dis tout ça? c'est qu'entre 1963 et 1965, quand je le côtoyais de très près, fuller n'avait pas encore été changé par ces deux films-suicide, à la liberté bien entravée, qui témoignaient de son envie criante de devenir un artiste européen, libéré des contraintes des studios américains ... libre, il l'avait pourtant été bien plus que la plupart de ses collègues cinéastes, durant ses quinze premières années de folie créative à l'intérieur du système d'usine hollywoodien ...
(à suivre)

la libération du camp de falkenau est à la fois le tout premier film de fuller (les premières images qu'il ait jamais tournées), et son tout dernier film (co-réalisé par emil weiss) ... il marquera toute son oeuvre

esg/ymg (2)


esg/moody (un morceau de 1981, version live de 2006)

young marble giants/credit in the straight world (une chanson de 1980, enregistrée live en 2010)
... ... long live black and white minimalism

violin blues (1929/1965)


henry sims (violin) & charley patton guitar/farewell blues (1929)

butch cage & willie b. thomas/baby please don't go (old violin blues still played around 1965 by this great string band)/films d'occasion production

venus in furs/velvet underground (1965)

13/11/2010





bob dylan/a real strange totally new version of desolation row
seno
r (good version of a bad song) just like tom thumb's blues .... (&
townes van zandt's ever so poetic live version/18/04/1985)

blowin' in the wind/masters of war/don't think twice it's alright




strange, sweet, slow and lovely flamenco folk versions of blowin' in the wind and masters of war (2000) and, as a stockolm/2002 miracle bonus, don't think twice, it's alright ... .... same type of crisp flamenco folk version


tangled up in blue (1974/2000/2010)




renaldo and clara's white minstrel version of tangled up in blue and classic 2000 version vs 19/11/2010 new gospel version (all three are fabulous, i believe)
most recent dylan videos are now to be found at november 18 entry

visions of johanna)/mr tambourine man (2000)/what good am i? (1995)/leopardskin pill-box hat (2000)




to ramona/dignity/mama, you've been on my mind (2000)




absolute emotion, total perfection, his very best year ever

visions of johanna/fabulous fast version, 2000 & fast early version with the band/1965


all along the watchtower (2000)


it's a total masterpiece ... he sings it not as a hendrix clone (like usual) but like it was frankie lee and judas priest... it's a ballad and a rock and roll masterpiece, the birth of gospel folk rock ... or something

cold irons bound, heavy rocking dark hymn, from same fabulous year, 2000

that lucky old sun (2000), dylan as ballad singer

a very young dylan/two songs from don't look back, (outtakes, 1965)

si mohammed bel hassan el sudani

c'est le dernier des grands gnaouas, mort sans avoir fait un seul vrai disque (paul bowles a enregistré deux de ses chansons, je me suis contenté, ébloui, de l'écouter des heures entières en 1969/70)
trois versions de kakani bulila (bulila kakani)


dylan/what was it you wanted?/demo

sweet bob dylan early song from folk repertoire (1961)


lovely slow new version of it's all over now baby blue, november 7, 2010

tangled up in blue/it's alright ma (i'm only bleeding) (2000)
visions of johanna (2000)
all three songs are from his 2000 never ending tour (his very best year)

best dylan photograph (bernard gidel)

Blogonzeureux!: BOB DYLAN : Ballad of a thin man@
voir tout en bas de la page ... ... monk/skorecki, par bernard gidel

dylan & johnny cash/johnny cash & june carter/it ain't me babe


dylan/cash: a collage of cash's version and dylan's, giving a sort of fake stereo effect ... but it works, doesn't it?/ johnny cash & june carter's version (1970)
bob dylan/fabulous 2000 version of can't wait

tangled up in blue/ever so strange new gospel version (november, 2010)

lush life/robert wyatt (2010)/johnny hartman (1983)


from fabulous new cd (for the ghosts within), by wyatt/atzmon/stephen, comes this small masterpiece ... i dedicate it to billy strayhorn (who composed it), to johnny hartman (who made a masterpiece out of it), ... and to frank sinatra who desperatly failed trying to record it (i've got proof of this failure, but i can't put it on youtube, they already suppressed an account i had of more than 600 videos because i posted a "non official track" ) .... and of course for the ever young robert wyatt (in this new films d'occasion video, who somewhat managed to sing it in his very own personal minimalist way (even if he does fail to hit a note once in a while ... it only adds to the charm of this delicate version)

junior kimbrough & charlie feathers / release me


one of the rare missing links between blues and rock'n'roll: rockabilly legend charlie feathers plays with the bluesman who taught him guitar when he was a kid, the great jr kimbrough (films d'occasion productions)

famous senior dagar brothers, calcutta, 1957/rag todi (dhamar)


as important as bach's suites pour violoncelle seul ... ... senior dagar brothers (nasir mohinuddin dagar & nasir aminuddin dagar), are the only real dagar brothers ever to have recorded ... ... ... from brilliant and little known 1957 concert in calcutta, comes this fabulous dhamar from rag todi

dimanche 14 novembre 2010

isidore isou et guy debord ne sont pas d'accord sur chaplin (1952)

paris, décembre 1952

finis les pieds plats
cinéaste sous-mack sennett, acteur sous-max linder, stavisky des larmes des filles-mères abandonnées et des petits orphelins d’auteuil, vous êtes chaplin, l’escroc aux sentiments, le maître-chanteur de la souffrance.

il fallait au cinématographe ses delly ... vous lui avez donné vos œuvres et vos bonnes œuvres.

parce que vous disiez être le faible et l’opprimé, s’attaquer à vous c’était attaquer le faible et l’opprimé, mais derrière votre baguette de jonc, certains sentaient déjà la matraque du flic.

vous êtes « celui-qui-tend-l’autre-joue-et-l’autre-fesse » mais nous qui sommes jeunes et beaux, répondons révolution lorsqu’on nous dit souffrance.

max du veuzit aux pieds plats, nous ne croyons pas aux « persécutions absurdes » dont vous seriez victime ...en français service d’immigration se dit agence de publicité ... une conférence de presse comme celle que vous avez tenue à cherbourg pourrait lancer n’importe quel navet ... ne craignez donc rien pour le succès de limelight.

allez vous coucher, fasciste larvé, gagnez beaucoup d’argent, soyez mondain (très réussi votre plat-ventre devant la petite elisabeth), mourrez vite, nous vous ferons des obsèques de première classe.

que votre dernier film soit vraiment le dernier.

les feux de la rampe ont fait fondre le fard du soi-disant mime génial et l’on ne voit plus qu’un vieillard sinistre et intéressé.

go home mister chaplin.

l’internationale lettriste :
SERGE BERNA, JEAN-L. BRAU,
GUY-ERNEST DEBORD, GIL J WOLMAN

........ ...... ...... ....... ....



les lettristes désavouent les insulteurs de chaplin

les membres du mouvement lettriste se sont réunis sur la base de nouveaux principes de connaissance et chacun garde son indépendance quant aux détails d’application de ces principes ... nous savons tous que chaplin a été « un grand créateur dans l’histoire du cinéma » mais «l’hystérie totale » et baroque qui a entouré son arrivée en france nous a gênés, comme l’expression de tout déséquilibre ... nous sommes honteux que le monde manque aujourd’hui de valeurs plus profondes que celles, secondaires, « idolâtres » de l’« artiste » .... les lettristes signataires du tract contre chaplin sont, seuls, responsables du contenu outrancier et confus de leur manifeste ... comme rien n’a été résolu dans ce monde, charlot reçoit, avec les applaudissements, les éclaboussures de cette non-résolution.

nous, les lettristes qui, dès le début, étions opposés au tract de nos camarades, sourions devant l’expression maladroite que prend l’amertume de leur jeunesse.

si charlot devait recevoir de la boue, ce n’était pas à nous de la lui jeter. Il y en a d’autres, payés pour cela (l’attorney général par exemple).

nous nous désolidarisons donc du tract de nos amis et nous nous associons à l’hommage rendu à chaplin par toute la populace.

d’autres groupes lettristes s’expliqueront à leur tour sur cette affaire, dans leurs propres revues ou dans la presse.

mais charlot et tout cela ne forment qu’une simple nuance.

JEAN-ISIDORE, MAURICE LEMAÎTRE, GABRIEL POMERAND



" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."