vendredi 31 décembre 2010

i listen to dylan every morning ...

... taper blackjackdylan (ou hollis1960) sur youtube: it's only here that i find the great bootlegs brave enough to brave web sherrif's instructions (in fact, sony/columbia's orders to ban unofficial dylan from youtube)

the ballad of frankie lee and judas priest/best live version (portsmouth, 2000) ... song is from dylan's best album ever, john wesley harding (1967)

cinéphiles are 4 years old, dylan is 50


1992: cinéphiles are 4 years old, dylan is 50 and singing hey joe at juan les pins
remember jimi hendrix did a great version of several dylan tunes, all along the watchtower from dylan's best album, john wesley harding, being the most famous of course (he recorded it in 1968, hardly a year after dylan) ...
dylan pays his dues here, singing hey joe with great respect towards hendrix's version ....
as for myself, i was thinking cinéphiles were largely over and done with ... until i decided, nearly fifteen years later, do a sequel, les ruses de frédéric ...

new york 1962, j'ai 19 ans, j'écoute dylan pour la première fois ...

à 19 ans, âge bête s’il en est, âge con surtout, je pensais quoi ? … …. … j'aimais quoi, j'écoutais qui, en 1962? à new york, j'écoute dylan pour la première fois ... sa voix m'agace ... je n'achète pas le disque ... il me faudra un an pour m'y faire, et c'est seulement don't think twice, it's alright qui me convaincra (et pas le bêlant blowin' in the wind, qui faisait la face A du 45 tours sur lequel la chanson était initialement sortie) .... c'est seulement l'été 1963 que j'achète mon premier 30 cm de dylan ... à paris, il faudra encore aller à lido musique sur les champs elysées pendant un ou deux ans pour trouver ses disques, et demander bob daï_lan, comme on prononçait en français à l'époque ...
... j'écoute encore presley, un peu, un tout petit peu ... mais j'écoute surtout du blues, du blues, du blues, et depuis quelques mois, abruti par la vogue de la musique improvisée, je me défonce au jazz, cette musique d'abrutis prétentieux qu'il me faudra bien vingt ou trente ans pour apprendre à détester ... le rock et la country m'y aideront généreusement ... pour le moment, je file dès que je peux écouter dexter gordon au chat qui pêche ou au birdland, avec deux ou trois tarés de mon genre, persuadés que rien, jamais, n'égalera la pure dextérité de cette musique de l'âme noire ... bientôt, comme un jeune con que j'étais, je me débarrasserais pour quelques pauvres ray charles de tous mes presley signés ...
non, non, je ne rêve pas, je me rappelle ... ... c'est la vérité vraie de ma jeunesse de crétin, défoncé à la pure bêtise depuis l'âge de quatre ou cinq ans,... .... oui, j'ai été assez con pour échanger mes 30 cm et mes super 45 tours signés par elvis trois ans plus tôt, lors de son seul passage à paris, contre des vinyles quelconques de l'aveugle le plus con du rythm'n'blues, qui n'avait pas encore eu le bon goût de graver ses seuls bons disques, des disques country évidemment ...

ray charles, 1962 .... the man was saved by country music's love hymn, you don't kow me (written by cindy walker & eddy arnold in1955)

faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches?

j'ai acheté le livre pour son titre ... dans quelques jours, ou quelques semaines, je vous en dirai davantage ...

à 24 ans, j'avais déjà oublié elvis

.. ... ... ... j'avais évidemment tort .... la preuve:


you don't know me (clambake, 1967)

type blackjackdylan on youtube for the best dylan bootlegs


to make you feel my love (rare lovely live version, 2002)

1995/2009

jeudi 30 décembre 2010

beverly kenney sings harold arlen


i never has seen snow/(words by truman capote) ... .... beverly kenney singing arlen's melody like no one will ever be able to do anymore (listen to barbra streisands's rather decent version, just to have an idea of who we lost when beverly kenney comitted suicide in 1960, at the tender age of 30, for strictly unknown reasons .... (i posted other songs of beverly on youtube, you may want to hear them, her records are really hard to find ... and out of price)

harold arlen sings harold arlen


harold arlen singing his own yiddish like melody like a good rabbi's son ... ... and
barbra streisand's correct version

shelter from the storm (prague, 1995)


... so bizarre and unrecognizable i wasn't sure i liked it at first ... but i finally have to admit it's one of the strangest reworkings dylan ever did of one of his songs

sam cooke/bob dylan



wabi a miki ryvola-poslední píseň (1969)

mardi 28 décembre 2010

irving berlin a écrit white christmas avec un accent yiddish


... eh oui, c'est un petit juif du shtetl, irving berlin (1888-1989), qui a écrit white christmas en 1941 pour son ami bing crosby ... du shtetl, il a gardé toute sa vie l'accent yiddish de sa jeunesse russe ... il jouait tellement mal du piano qu'il sentait bien que les autres compositeurs avaient un peu honte de lui ... pour réussir en amérique, le mieux c'est encore d'écrire l'hymne américain ... en 1938, irving berlin a écrit god bless america ...

this is how imagine my father at fifteen


jimmie rodgers in 1930 ... only three years to live ... daddy was 15 ...
these three filmed hollwood songs represent something like the birth of popular american music to me ... do i have to translate: here is the birth of music ...

from "balls and kittens, draught and strangling rain"


j ae/ i still owe the morning.... si karen dalton avait été enregistrée en 1875, dans un coin perdu de scandinavie, je parie qu’elle aurait chanté comme ça

i remember buddy holly


not fade away(1957)/portrait of the young artist (1936-1959) as the most modern rock and roll crooner ever

not fade away (2000)/portrait of the sixty year old artist as a rock and roll singer

deux ou trois choses que j'ai faites à la fin du mois de mai 68

difficile de raconter comment j'ai passé mai 68 -ou plutôt comment mai 68 est passé sur moi ... je n'étais plus lycéen, et même plus étudiant depuis cinq ou six ans, mais je me suis littéralement enflammé, premiers signes d'exaltation précoce (ou de psychose bipolaire si l'on préfère) ... disons que l'essentiel, pour le sujet skorecki, fût d'apprendre, à ses dépens, sur son corps même, l'addiction extrême des cinéphiles aux images ... j'ai eu le malheur, un jour de mai, vers la fin du mois, au ciné-club universitaire où s'éteignaient dans le noir de la salle les dernières vélléités de révolte pré-situationniste, d'essayer d'entraîner avec moi les quelques spectateurs présents sur le lieu des derniers combats, c'est à dire dehors, dans la rue ... sans penser un seul instant que je les privais de leur film, de leurs images .... j'ai reçu à même le corps la preuve (des coups très violents) de l'addiction extrême du spectateur -n'importe quel spectateur- aux images qu'il est en train de regarder ...

hendrix sings dylan in a hotel room (tears of rage, 03/1968)

... c'est ingmar bergman, un cinéaste que j'ai cessé d'aimer à 17 ans, qui a la plus belle formule que je connaisse sur le cinéma (piquée à un nobel nordique): "le cinéma, c'est le refuge des poltrons devant la vie"

march 1962: i'm not 60 yet, dylan's singing better than ever


i saw dylan only a few months later in hamburg, he was moaning like a sick rabbi

patrice et stavros

j'ai eu deux frères en cinéma, tous deux rencontrés en 1975 à toulon, où le festival d'hyères avait émigré ... patrice kirchhofer, projectionniste occasionnel, cinéaste expérimental, fonctionnaire, chef opérateur de mes trois ou quatre derniers films ... mon meilleur ami à ce jour ... cette même année, j'ai découvert coatti, le premier film de stavros tornes que je voyais ... j'ai découvert aussi stavros, plus chien que moi, plus errant, plus poète ... cet homme-là, je ne l'oublierai jamais ... même si je voulais, je ne pourrais pas ...


mardi 21 décembre 2010

skorecki et moi, c'est un truc compliqué ... ...

... ... ... disons qu' on a appris à se connaître mais aussi à se méfier l'un de l'autre ... j'ai une fâcheuse tendance à oublier au fur et à mesure qui il est exactement ... .... d'où ces notes? peut-être ...

lundi 20 décembre 2010

i'm dreaming of a yiddish christmas ....


... ... je suis si peu juif pourtant ... il y aurait du pain natté, beurré, avec du hareng gras ... il y avait rarement du hareng gras à la maison (maman n'en achetait pas souvent) mais quand il y en avait, c'était toujours la fête ...

et maintenant que vais-je faire?


où aller? sur quoi écrire? sur qui? respecter l'unité de cette autobiographie éclatée en train de s'improviser en ordre dispersé devant mes propres yeux? ou obliquer ... aller ailleurs ... revenir à mes musiques mutiques, à peine légendées ?

un souvenir d'enfance

je n'en ai pas beaucoup, de souvenirs ... de souvenirs d'enfance, encore moins ... c'est pourquoi cette scène (presque primitive) m'est précieuse: j'ai cinq ans, on est en bas de la cage d'escalier, au 90 boulevard ménilmontant, là où on habite tous les deux, richard et moi ... on joue avec des clous, des boulons ... un autre gamin du même âge surgit, vole les clous et les boulons, s'enfuit en courant ... c'est michel klein ... j'ai déjà parlé ailleurs de richard, de la BRJL .... ...et de michel klein, sa ressemblance étrange avec le jeune dylan, sa jalousie maladive ... j'en reparlerai sûrement ...

mama you've been on my mind ... ...


mama you've been on my mind ... ....
& don't think twice, it's alright (portsmouth, 2000)

les poltrons devant la vie ... ...

c'est ingmar bergman, un cinéaste que j'ai cessé d'aimer à 17 ans, qui a la plus belle formule que je connaisse sur le cinéma (piquée à un nobel nordique): "le cinéma, c'est le refuge des poltrons devant la vie"

dieu et moi, c'est une longue histoire ...

... qui a tourné court ... le dieu des chrétiens, je ne l'ai approché que de loin grâce à jacob taubes et paul ... celui des juifs (dont marcion prétendait -superbe hérésie- que ce n'était pas le même que celui des chrétiens), je l'ai croisé tardivement du côté du baal schem tov et des récits hassidiques de martin buber .... mes parents ne m'avaient même pas appris les fêtes juives, ni les interdits alimentaires, c'est dire si je suis plus proche d'un goy que d'un juif à certains égards ... j'ai davantage croisé dieu du côté des grands cantors d'avant-guerre, david roitman, berele chagy, pierre pinchik, découverts par hasard, ou presque, dans une vieille boutique new yorkaise, en 1962 ... .... une éducation musicale qui s'est poursuivie rue des écouffes, à la librairie du progrès, où le vieux joseph nachman me faisait écouter ses vinyles rarissimes de cantors polonais ou ukrainiens, qu'il vendait pour une poignée de sous, une poignée de main ... il est mort il y a un an, je ne le savais même pas ... dieu lui pardonnera d'avoir été si méchant avec sa femme, son fils, sa fille, qu'il terrorisait à longueur de journée ... dieu pardonne toujours à celui qui aime la musique, surtout cette musique là ... au fond, c'est le dieu des musulmans que je connais le mieux ... .... j'en parlerai une autre fois .... peut-être ...

"il faut servir dieu, le diable, n'importe qui ..." (gotta serve somebody, 2000)

bobby troup, 1958

white jam.
4,34

don van vliet (1941-2010)

dylan reading xmas poetry

gurdjieff raconte comment il a fait fortune au tout début du siècle dernier ... ... en russie, avec des tonneaux puants dont les gens cherchaient à se débarrasser, ignorant qu'ils contenaient de vrais trésors pour tout juif ashkénaze qui se respecte ... des harengs gras ..

gurdjieff & de hartmann/chanson orientale

mardi 14 décembre 2010

j'ai vu bécaud juste avant sa mort

je devrais dire monsieur bécaud ... à l'olympia, il avait été royal, et sur sa péniche, en juillet 2001, il m'avait reçu comme un prince ... il était assis en lotus à même le sol, un whisky et une cigarette à la main ... ses yeux faisaient des bonds de pierrot ... au bout de vingt minutes de conversation, il m'a demandé: "c'est quoi votre petit nom?" j'ai répondu "louis", et je crois que j'ai rougi ...
sand and sea (hollywood, novembre 1966)

... quand je disais qu'il m'avait reçu comme un prince, je voulais dire que c'était lui qui était un prince ... j'ai eu un sentiment rare d'intimité, de chaleur, de distance, un sentiment étrange que je n'ai éprouvé qu'en face des plus grands: elvis presley, john wayne, robert mitchum, jacques tourneur, raoul walsh, allan dwan ... le sentiment que c'était de grands personnages d'une modestie excessive, et d'une chaleur exceptionnelle ... quand bécaud est mort, à peine quelques mois plus tard, j'ai eu le sentiment de perdre un ami

i remember blake edwards' peter gunn


peter gunn (blake edwards, tv series, 1958) ... i'll never never forget how much it influenced cassavettes' johnny staccato (that started production more than a year later, in 1959) ... blake edwards also produced another black and white tv series, mr lucky ... both programs featured henry mancini's sophisticated musical variations ... four years before that, in 1955, young blake edwards worked on his best friend's richard quine's script, for the great musical, my sister eileen
i'll never forget richard quine, who comitted suicide more than twenty years ago ...
PS. j'ai vu blake edwards tourner à hollywood (c'était un mauvais film, the great race), je suis même certain de l'avoir interviewé ... je ne me souviens de rien .... il était léger et petillant comme le champagne: aussitôt bu, aussitôt envolé ....

i'm thinking about robert frank ...

... i last saw him in paris three or four years ago with my friend brigitte ollier ... he was very sick ... didn't look like he would live much longer ... we hugged him, like americans do, to try and give him energy, at least a little bit of it ...
here's what elliott errwitt says of robert frank:
"quality doesn't mean deep blacks and whatever tonal range ... that's not quality, that's a kind of quality ... the pictures of robert frank might strike someone as being sloppy - the tone range isn't right and things like that - but they're far superior to the pictures of ansel adams with regard to quality, because the quality of ansel Aaams, if i may say so, is essentially the quality of a postcard ... but the quality of robert frank is a quality that has something to do with what he's doing, what his mind is ... it's not balancing out the sky to the sand and so forth ... .... it's got to do with intention."
just wonder how he's doing these days ... i still don't care much about photography these days ... but robert is an artist, a filmmaker, much more than he is a photograph ... i love you brigitte, i love you robert ...

o.v. wright/more soulful than al green?


a little more time/o.v wright, nearly forty years old, no more teeth, approaching death ...a story of love, music, and respect ... for don van vliet, maybe ...

bobby troup/their hearts were full of spring (1958)

their hearts were full of spring/original version of this great bobby troup composition/los angeles, august 1958 (films d'occasion)

it happened once before (with wife julie london)/my funny valentine/misty

hey man, dig this early, rough and pretty violin blues


elder green/charley patton & henry sims (septembre, 1930)/also check son simms four (henry sims & young muddy waters, stovall's plantation, clarksdale, mississippi, 1941/42, )

lundi 13 décembre 2010

what did i think when i was 16?

i thought about girls, that's about all ... had drawings of elvis i made myself, pasted on my wall ... loved the everly brothers above all ... around 1972 (i was 28 or 29), some kind of frightening suicidal junkie i had the stupid idea to invite to stay home (i was living with my musician friend patricio villarroel at the time, we ate rice and vegetable one of his girl friends cooked for us) robbed me of everything i had, and what was most important for me at the time were my records ... he stole each and everyone of them, only left the everly brothers cadence 45's cause they had no cover ...only records from that time period i still have ... my father used to like gilbert bécaud a lot, if i remember well ... not me ... in fact, i just tolerated him at the time (along with montand) but deep within, i hated anything that was sung in french ... in fact i had to wait until bashung and rita mitsouko came along, years later, to buy my very first records speaking french ...

je t'appartiens/let it be me/gilbert bécaud (1973)/everly brothers (1964)

i hardly listened to any music for a year after that creep stole my record collection ...i started buying some back (same ones) after a year and a half ... only thing that soothes me, is the idea he would have ALSO stolen the precious signed presley vinyls i had swapped for two or three early ray charles, bd de strasbourg, not far from république, where i would work later for nearly thirty years (first half wasin fact around the sacré coeur/château rouge) in the offices of libération between 1980 and 2007 ...

vendredi 10 décembre 2010

les ciseaux/ les oiseaux


les oiseaux (1963)

dylan, emmett miller et moi (2002)

sugar baby (stockolm, 2002)/best version ever, sweet and rough at the same time ... ... ....

i was 59, dylan was approching 62.. ... he was capable of singing this very sweet emmett miller influenced song even better than on "love and theft" ... as for me, i had decided to abandon my most ambitious film project, le juif de lascaux a long time ago .... had i definitly lost all desire for film making ... .... or was it just old age (like walter brennan used to mumble in rio bravo)
.. ... ... ...

HELLO DYLAN LOVERS
Ne pas oublier que 2000 est la meilleure année de Dylan, celle où il réapprend de A à Z le plaisir de chanter. Un an plus tard, en 2001, il sort son disque le plus important de ces vingt dernières années, "Love and Theft", le seul de tous ses disques à avoir un titre entre guillemets, parce qu'il est entièrement sous influence Emmett Miller/black minstrels. Love and Theft est en effet le titre d'un livre savant, une étude universitaire sur le phénomène des blackface dans la musique populaire du 19ème siècle, publié un an avant le "Love and Theft" de Dylan.
Ne pas oublier non plus que "Love and Theft" est un disque à la fois vieillot et révolutionnaire, mélancolique et inattendu, qui se terminait, rappelez-vous, par un petit chef d'oeuvre d'intimité fragile et de mélodies brisées, Sugar Baby, l’une des compositions les plus étranges et les plus inattendues du vieux Dylan. Pour aller vite, on pourrait dire que cette chanson suave est un pastiche des vieux airs nostalgiques de Leon Redbone, l’homme dont toute l’œuvre est placée sous le signe d’une dévotion absolue à Emmett Miller (l’intégrale, plutôt maigre, d’Emmett Miller, se trouve sur un seul cd, The Minstrel Man From Georgia, publié dans la collection prestigieuse Roots N’Blues, de Columbia/Legacy).
Pourquoi je vous raconte tout ça aujourd’hui ? Je viens de recevoir la plus belle version live que j’ai jamais entendue de Sugar Baby, la plus douce et la plus rugueuse à la fois, plus lente que l’originale, pourtant si nuancée et délicate. Cette version live a été enregistrée en 2002, à peine quelques mois après la sortie de "Love and Theft" à une époque où Dylan commençait à chanter sérieusement mal, à psalmodier et à massacrer ses propres mélodies avec rage.
Le type qui m’a envoyé cette belle vidéo est un Anglais d’une cinquantaine d’années, avec lequel j’avais pourtant commencé par m’engueuler sec sur le web à propos de Dylan (il ne supportait pas qu’on critique quoi que ce soit venant de Bob, comme la plupart de ses groupies), avant qu’on ne devienne presque des amis via youtube. La politique répressive de Sony étant ce qu’elle est, youtube lui a déjà supprimé son compte six ou sept fois. Il revient à chaque fois à la charge, plus fan que jamais, et décidément infatigable. On a supprimé mon compte youtube deux fois, je vous assure qu’on en a les jambes coupées et qu’il est dur de revenir à la charge, et de tout refaire de nouveau … sous un autre nom, évidemment. Le Dylan lover qui voudrait voir (et surtout écouter) ce joli petit film doit aller sur youtube, taper le nouveau nom de mon ami anglais, blackjackdylan, aller sur son compte, identifier la chanson : la seule mention est 2002, mais j’ai mis un commentaire enthousiaste qui identifie Sugar Baby, on s’y retrouve facilement. Il reste à espérer qu’au moment où vous lirez ces lignes, le compte de blackjackdylan n’aura pas été purement et simplement liquidé encore une fois. C’est tout le bien que je vous souhaite.
PS. pour aller plus vite et trouver Sugar Baby , faire juste
http://www.youtube.com/watch?v=Mni729Y-0uk
(à paraître dans ROLLING STONE)

jeudi 9 décembre 2010

"tu vas retirer ça vite fait, ou je te fous mon poing dans la gueule"

c’est richard qui m’avait dit ça un jour, en 1956 ou 57… on n’était pas fâchés, mais à une fraction de seconde près, je le recevais en pleine poire, son poing furieux … que s’était-il passé pour que mon meilleur ami, d’habitude doux comme un agneau (avec moi, en tout cas) s’énerve à ce point, et soit à deux doigts de me démolir le portrait … j’avais juste, couillon que j’étais, brisé l’un de ses rêves d’enfant/adulte les plus tenaces en lui disant, droit dans les yeux, que quand john wayne parlait, au cinéma, ce n’était pas john wayne … ce n’était pas sa voix … « c’est la voix de qui, alors » ?, avait demandé richard en hurlant … mais, mais … je bafouillais un peu, conscient que j’étais en train de remuer des choses que je ne connaissais pas, plus profondes que je ne pensais … j’ai répondu d’une voix hésitante et assurée à la fois : « mais c’est sa voix française, la voix de celui qui double john wayne en français »

eldorado (1965), le temps de la croyance ou de la connivence?
un film de howard hawks (j'ai passé 6 ou 7 jours en arizona, sur le tournage de ce film moyen de howard hawks, devenant presque copain avec robert mitchum, john wayne, james caan... c'était comment? cherchez ailleurs ... ou attendez un autre texte ...

... ... tu vois, petit, tu es trop petit, mioche que tu es, pour avoir connu ça ... les années cinquante ... c’était encore le temps de la croyance… ce que tu voyais à l’écran, c’était la vérité, la vérité vraie … et celui qui voudrait ébranler cette vérité là, ébranlerait en même temps tes rêves les plus secrets, les plus tenaces … tout ça est fini, bien fini, on est dans le temps de la connaissance, de la connivence, du cynisme généralisé … est-ce que je regrette ce temps-là ? oui, évidemment … c’était le temps des rêves et des vaies peurs dans le noir, le vrai noir de l’enfance

bobby troup's their hearts were full of spring makes me cry each time i hear it


bobby troup/original version (first recording of the song was 1957)

four freshmen/first choral version, 1960/beach boys/second choral version (1965)

i was there when dylan recorded highway 61 revisited, at least half of it

was i that close when he recorded highway 61 revisited in 1965? i have doubts at times... he was so calm and furious at the same time ("il était tellement maigre, disait bernard gidel, il me faisait pitié") ... tout ça s'est passé comme un rêve ...
i had met him in newport a few days ago, we talked a little, he sang like that ...
maggie's farm/newport 1965

mercredi 8 décembre 2010

1959: beau et con à la fois

à seize ans, en 1959, j'étais aussi con qu'un autre sur le cinéma ... j'aimais encore presley, assez pour le courser comme un fan transi dans les rues de paris, mais je devais en même temps m'étourdir, j'en suis sûr, des couplets prétentieux de jacques brel ("beau et con à la fois") et si je me souviens bien, les notes que je donnais aux films que je voyais étaient d'une connerie somme toute courante: les meilleures allaient à deux artistes prétentieux du cinéma d'art et d'essai naissant, fellini et bergman, pour lesquels j'aurais du dédain lucide deux ans plus tard, le temps d'être moins con, disons, et d'aller voir du côté des vf pourries de ménilmontant de meilleures choses pour mon âge, des films d'aventures et des westerns signés de noms encore inconnus pour moi (plus pour longtemps ...), des noms de code comme hawks, hitchcock, ludwig, heisler, edgar g.ulmer ...
the amazing transparent man (edgar g.ulmer, 1960)
... tout comme je m'enfilerais par dizaines, à belleville ou à bruxelles, des dwan de série b., des walsh, des gordon douglas, ou des don siegel ... disons que cinéma, le vrai, m'a abruti très vite face à vraie vie (que je fuyais comme la peste) mais qu'il m'a déniaisé face au cinéma, au vrai cinéma, pour longtemps ....

1958/a prayer for zelig


you don't know what love is/lady in satin (i was fifteen, could have seen billie holiday sing, but i was stupid enough to miss this ultimate magic/don ellis arranges/and conducts the thousand violins she'd been dreaming of for years)

farewell angelina, 1968


mon père aimait aussi la voix de nana mouskouri mais il ne savait pas (et moi encore moins) qu'elle chantait si bien dylan, sur les paroles fades du vieux delanoë ... elle le chantait mieux en tout cas que ce crétin d'hugues aufray .....

highway 65 revisited

tout ça a commencé par un petit texte jeté sur mon blog un jour de pluie, un texte- flashback, un de plus, où je racontais par petites touches comment j’avais appris en un seul été, l'été 1965, ce qu’était la musique, la vraie, pas celles des faux bluesmen noirs et des jazzeux de toutes les couleurs qui ne jouaient que pour eux … cet été là, celui où j'ai suivi l'enregistrement de highway 61 revisited de bob dylan, l'un de ses plus beaux disques, a été mon highway 65 à moi, celui de tous les éblouissements : dylan réinventant à lui seul (et pour toujours) le format/chanson ; le free jazz d’albert ayler ridiculisant son public par son invraisemblable liberté ; sans oublier le jeune jimi hendrix, le jeune miles davis … … le cinéma, je savais ce que c’était depuis au moins deux ans ...
du coup, pfffttt, j'ai remonté le temps ... on est en juillet 1963, je me balade dans un décor de western en carton pâte, sur le grand plateau de la warner ... qui est cet homme élégant, dont un bout coton barre l'oeil, sans le légendaire bandeau noir de pirate qu'on lui connaît? ... raoul walsh, que j'ai la chance invraisemblable de voir tourner son dernier film, a distant trumpet ...
a distant trumpet (raoul walsh, 1963/musique max steiner)

... .... je lui parle longuement, il me répond encore plus longuement, gentiment, timidement, lui qui n’avait jamais parlé à un journaliste de toute sa vie ... quelques jours plus tard, c'est avec un autre borgne célèbre, fritz lang, que je passe la journée dans la villa de son ami gene fowler jr, monteur de plusieurs de ses films ... deux ou trois jours passent, et je me retrouve sur les hauteurs de hollywood, écoutant bouche bée allan dwan me raconter la naissance du cinéma telle qu’elle n’avais jamais été écrite ... j'ai discuté aussi cet été là avec jean renoir, jacques tourneur, samuel fuller ... disons que celà m’a ouvert les portes d’un art d’usine inexploré … ….
... .... d’un ou deux petits textes rageur sur l’été 1965, je suis passé –la pluie ne s’arrêtait pas, ma plume non plus- à d’autres expériences de plus en plus anciennes, de plus en plus personnelles (1962, 1959, 1957 ...), écrites à toute vitesse pour mon blog, c'est-à-dire -ne le prenez pas mal, c’est comme ça- pour personne … où cela me mènera-t-il, je n’en sais rien … c’est ce qu’on appelle de manière assez prétentieuse un « work in progress » … il paraît qu’on n’arrête pas le progrès … voyons voir ...

et si tout ça avait commencé à gürs?

.. ... un camp de concentration français où je suis né tant bien que mal en mars 1943? quand j'ai eu le mauvais goût d'évoquer ça un dimanche matin en comité de rédaction, à quelques jours de mon départ, toute la direction de libération s'est foutue de ma gueule comme un seul homme ... j'ai des preuves de ça ...c 'est dans skorecki déménage ...

morocco, 1969/1970


i lived in morocco a whole year, between 1969 and 1979, mainly in marrakech ... he played every night on djma el fna, as soon as he thought there was enough money, he played, he sang ... no other gnawa ever played or sang like that ... years later i tried to find his wherabouts, learned he'd died, met his son who had promised his father, just before he died, never to play gimbri ... to the old man, playing and begging in the street were the same thing, and he wanted his son not to live as he had lived ... guess he could not prevent destiny from dancing in the street (rare recording, made five or six years after i'd left, around 1975/76)

these days, i'm blogging along with dylan (simple twist of fate, 2010)



at 70, the old man is still able to make and old song completely new

2000: dylan is singing better than ever/this is the year i decide never to finish le juif de lascaux


frankie lee and judas priest/maybe the best live version ever (england, 2000)

dimanche 5 décembre 2010

mes années rebelles (1)/jimmy

….elles sont loin les splendides errances de ma jeunesse d’idiot professionnel : quatre ans pour passer le bac (il y en avait deux à l’époque … ce qui n’était pas une raison pour devenir du jour au lendemain un crétin patenté) … entre quinze et dix-huit ans, je préférais glander avec richard ou jimmy, mes copains de la BRJL (bande rebelle de julien lacroix), plus rapides que moi à l'art de piquer leur sac aux bourgeoises péroxydées, … … jimmy, c’était un titi parisien, un voyou de la plus belle espèce qui se comparait volontiers au jeune belmondo (lui aussi avait fait de la boxe), mais pour parler vrai, jimmy avait autant de quasimodo que du héros gracieux et insouciant d’à bout de souffle … son année la plus flamboyante, à jimmy, si je me rappelle bien, c'était 1957 ... j'avais à peine quatorze ans, il devait en avoir dix-huit, visage déjà marqué ... le visage d'un blues de louisiane, miaulé férocement par le fondateur de la swamp music, lightnin' slim
1957/love me mama/i'm a rolling stone/lightnin' slim(two sides of excello single)
... il était tout petit, jimmy … je pense que c'était un vrai kabyle, mais, petit ou pas, il avait de ces coups de tête à vous éclater les arcades sourcilières (et plus si affinités) … jimmy a disparu, aux dernières nouvelles on l’avait renvoyé en algérie alors qu’il n’y avait aucune attache et ne parlait même pas la langue … faudrait que je me mette à sa recherche un jour ... mais la seule adresse que je lui connaissais, le bar de son frère dans un petit passage pavé entre ménilmontant et couronnes, a l'air d'avoir été détruit ... se mettre à sa recherche, tant d'années plus tard, ça ressemblerait à quoi?

mes années rebelles (2)/richard

... richard , c’est une autre histoire .... je la raconterais peut-être un jour cette histoire, celle du premier blouson noir de la france gaulliste, mon meilleur ami (avec son éternel rival, michel klein) depuis qu’on avait cinq ans … il était resté gamin dans sa tête, frimait avec une bande de tarés nettement plus petits, vivait des rapports contrariés et compliqués avec sa mère, une salope de première, capable de le laisser dormir toute la nuit sur le paillasson, quand il avait treize ou quatorze ans ... une mère qui par pure bêtise et inconscience l’enfonça à son procès en prétendant, l’idiote, qu’elle avait tout fait pour lui, et ne comprenait pas comment il avait pu tuer un brave homme, un juif, par une après midi ensoleillée sur les grands boulevards … je comprenais, moi, mais personne ne m’a posé la moindre question …richard voulait juste draguer son épouse grassouillette, aux charmes provocateurs, et le mari sépharade aux épaules de catcheur était allé s’empaler, le con, sur l’opinel frimeur de richard … maître floriot, l’un des ténors de l’époque, représentait la veuve juive … richard prit 15 ans, fit la une des journaux .... comme je le disais, j’en parlerais peut-être un jour ...
gaby/alain bashung("remets moi johnny kid ...")
quand je ne zonais pas, opinel en poche, avec richard, jimmy, et une dizaine de blousons noirs de la BRJL, j’étais occupé à mal travailler au lycée en face de chez moi, boulevard de ménilmontant, ou à continuer comme un taré obsessionnel ma collection de buvards …. et surtout à poursuivre en amateur ma très personnelle chasse aux autographes …. …

a few things i know about autograph hunting in the early sixties

"des jeunes attendaient charlie chaplin pour le photographier" (paris, 1956)
ce titre glorieux de l’huma, c’était en vérité un sous-titre qui nous désignait, michel klein et moi (et trois ou quatre autres quidams), les yeux écarquillés, en train d’attendre l’apparition (au sens religieux) de ce vieux charlot que nous vénérions à quatorze ans au moins autant que le faisait -pour services rendus au parti- l’ensemble des militants d’extrême gauche français. …
… au dessus de cette légende, il y avait la photo, je l’ai perdue depuis longtemps, où deux jeunes lycéens transis de froid signifiaient par leur regard-caméra, un regard fixe et intemporel, qu’ils attendraient le temps qu’il faudrait pour avoir un autographe … … l’autographe, je l’ai toujours, collé dans l’un des deux ou trois cahiers d’école prévus à cet effet, où je scotchais maladroitement les signatures des « vedettes » que j’avais réussi à coincer à l’une des entrées des artistes que je fréquentais après les cours (surtout l’alhambra maurice chevalier, près de l'avenue de la république), ou devant l’un des palaces parisiens qu’ils fréquentaient : le raphaël, le prince de galles, le george V ….
contrairement à ce qu’on voit depuis vingt ans, l’activité de chasseur d’autographes était strictement limitée à un club d’une dizaine de tarés comme moi, elle se s’était pas encore démocratisée (grâce à la télé) … du coup, je peux dire aujourd’hui que nous formions l’avant-garde, l’aristocratie d’un hobby presque confidentiel, pas encore balisé, mais déjà empreint d’une religiosité bricolée, avec son pendant d’exaltation bien caché dans le cartable … savoir où était descendus romy schneider ou jack palance relevait du parcours initiatique … c’était plus difficile pour otto preminger ou jayne mansfield, et carrément impossible, trois ans plus tard, en 1959, pour elvis presley … mais celui là, il était hors de question que je le rate … il était pour moi …

jeudi 2 décembre 2010

comment travaillait walsh en 1963 ?

... .... la réponse est simple, mais il m’a fallu plus de trente ans pour la formuler, pour oser la formuler : c’est simple, il ne travaillait pas … à vue d’œil (si j’ose dire), il ne faisait rien … personne d’autre que moi ne vous dira ça, personne … pas un seul témoin n’est là pour le dire, pour oser le penser … ces scènes de tournage, ces scènes de walsh au travail, il n’y a que moi qui en ait été témoin … je l'ai vu se tourner les pouces sur le plateau, sans en avoir l'air évidemment ... raoul walsh a osé me dire, droit dans les yeux, qu'il adorait le jeune premier premier fadasse qu'on lui avait imposé, troy donahue ... entendre l'homme qui a découvert john wayne en 1929 vous dire qu'il adore suzanne pleshette et troy donahue, c'est trop fort ...
... ... le seul acteur que raoul walsh aimait vraiment et qui l'intéressait dans distant trumpet, c'était celui qui jouait le peau rouge ... ... il traînait à la cantine avec nous, il avait un nez énorme, entre nous on l'appelait gros nez ... sur imdb, il n'est même pas crédité au générique, c'est trop triste ... .... il est extraordinaire dans le film ... celui là, raoul walsh l'aimait vraiment ...
... ... un an plus tard, en 1964, j’ai vu howard hawks tourner quelques plans de raccord pour red line 2000 et j’ai surtout été pendant presque une semaine, l’observateur attentif, en août 1965, dans un village fantôme d’arizona, un village de cinéma, du tournage d’eldorado (pas le meilleur hawks, mais mitchum et wayne étaient quand même encore très bons -ça ne durera pas- …. et james caan était encore meilleur) … ….H.H. non plus ne travaillait pas … et vous en tirez quoi, skorecki, de ces expériences de tournage américains, de cette terrible et sublime déception de voir hawks et surtout walsh, sur l’un de ses plus beaux films, glander sur leur plateau, tenant au mieux le rôle de régisseur -un synomyme idéal au fond pour réalisateur?
attendez … à tout vouloir savoir trop vite, vous n’y comprendrez rien … s’il m‘a fallu trente ans de réflexion, de retour sur tout ça, de malaxage, de triturage, d’incompréhension, il vous faudra bien quelques secondes de plus … non ?

meeting bob dylan in close up for the very first time (1962)

… got my first real dylan experience in july or august 1962 … … on his close up photograph on first lp, he looked so much like michel klein, my meanest best friend, it was unbelievable …i took the lp to the record booth, tried to listen, and quickly decide it was unlistenable … it would take me a year, a whole year, thanks to a song i started to hear everywhere, the flipside of blowin’ in the wind, to decide there definitely was something strange and magical in this donald duck voice trying to emulate charley patton or robert johnson …. this magical song was don’t think twice, it’s alright … ….
don’t think twice, it’s alright (1962)
... ... and it’s still one of my very favourites dylan tunes… a year after being sort of hypnotized by dylan’s first album (by his looks on the cover anyway, so close to my best friend’s looks, a guy that I loved and hated at the same time, and who was -like bob dylan, maybe- the most selfish egostistical sonofabitch, capable of the most terrible acts of pitiful jealousy), I decided it was time to invest in this strange musician’s first lp ….and I bought it, only to listen to that music longer, closer …. I slowly got acquainted to the words that lay inside, hidden from most persons at the time …. apart from blowin’ in the wind that I’ve hated ever since for its boy scout way …. i quickly decided it was a great record, one of the most personal and strangely haunting I’d ever heard in my life … I was slowly forgetting michel kein’s evil ways, and getting more and more connected with dylan’s own devilish turn of mind …

lenny bruce (2000)

blind willie mc tell/dream syndicate's original version (1988)

in 1965, i got to know howard hawks, robert mitchum, john wayne, bob dylan,bob neuwirth ...


bob neuwirth/rock salt and nails (written by bruce "utah" phillips) ... 1967.
all this happened in the summer of 1965, a long hot summer i'll never forget ... it happened in new york, chicago, arizona, los angeles ... who else did i meet? let me think ... ...allen ginsberg, sonny and cher, herman's hermits, sam the sham and the pharaohs, lightnin' hopkins, thelonious monk, charlie mingus, archie shepp, john coltrane, albert ayler, sonny rollins, cecil taylor, ... ... and also walt disney, ray bradbury, edward ludwig, stuart heisler, don siegel, richard brooks, samuel fuller, sun ra ... ...

sun ra/friendly galaxy (1965)
back in 1962, i was hardly 19 years old, i edited my own magazine, visages du cinéma, for which i decided to go hunting for interviews in hollywood the next summer, something that had NEVER been done ... in july 1963, i interviewed jacques tourneur, allan dwan, jean renoir, samuel fuller, howard hawks ... .... and raoul walsh on the set of his very last film, distant trumpet ...
as i had decided to abandon visages du cinéma, i gave my first hollywood interviews to présence du cinéma, my favourite magazine at the time .. .. but my friend serge daney insisted that i publish the following interviews in HIS favourite review, les cahiers du cinéma ... so i decided to follow him in the saint graal ... in 1964, with daney, i met leo mc carey for a very long and beautiful interview ... we also got to know buster keaton, joseph von sternberg, george cukor, sam fuller, howard hawks, jerry lewis, frank tashlin ... ....
and it was only in 1965, because daniel filipacchi had bought les cahiers (and i had the new possibility to work for his OTHER magazines as well, salut les copains, jazz magazine, lui, pariscope ...) that i embarked for a year of hard journalism of music, cinema, litterature ... .. although i got the opportunity to spend a whole week on the arizona set of eldorado (howard hawks' film starring robert mitchum, john wayne, james caan), and also got to see bob dylan record nearly half of highway 61 revisited, i got depressed after four months in los angeles (flippacchi didn't pay much) and went home to try and make films ... i didn't make many, but from 1966 (les pieds dans les nuages/et la tête dans la lune) i managed to direct a few things of my own... but that's a totally different story ... i might tell it one day ...

kokomo arnold /the kinks

back in 1965, i was a hard lover of the blues ... i'd been listening to stuff like charley patton, skip james, robert wilkins, for years ... in chicago, i only got to see muddy waters and lightnin' hopkins, but i longed for many others: blind willie mc tell, peg leg howell, robert pete williams, ..

i had a real passion for kokomo's arnold original version of milk cow blues (1934)

... i also loved elvis presley's early version and eddie cochrans' ... back ten, i didn't know yet that the kinks also recorded a brilliant version of milkcow blues ... with dave davies introducing the song, and his brother ray singing the second verse..

dave davies & ray davies (the kinks)/milkcow blues (1965)

new york, 1962 (the bronx)

first time i ever went to america was to visit my cousin, tsella, in new york/ she lived in the bronx/near a big park/ dangerous to cross at night, so they said/ i didn't care/ i was 19/ i had guts then/ or something like that/let's call it dreamlike unconscious state/i loved new york/i always did/i still do/ even if i haven't gone there for years
last time was around 1989 ... yes, i think it was 1989 ... around the time bob dylan (one the artists robert frank admires most, with godard) released an album called oh mercy/i don't like it that much/i think it's overproduced/but still you can pick out one or two outtakes/like these ...

what was it you wanted?/political world/1989
in this new york summer of 1989/ i spent four days at robert frank's home/ black door full of tags/ near the CBGB/some dirty socks near my bed/as a strange poetic decoration/we went through a ukrainian market/ then we walked far/ very far/with robert frank's son, pablo, to the chinese ghetto/he was fragile, he was mad, he was poetic/he wanted to see the sea/and we did/man, did it blow my mind ...

i met bob dylan in new york in 1965

j'ai rencontré bob dylan à newport et à new york en juillet 1965 ...
à newport, la rencontre a été brève, il m'a juste demandé dix cents pour téléphoner à une copine ... comme elle n'était pas là, "hey man, here's your ten cents", il m'a rendu ma pièce ... brève introduction, trop brève ...
et puis le spectacle électrique a commencé, sans cette mixed up confusion dont on nous a trop rebattu les oreilles ...
presque personne dans le public n'a protesté, c'était juste assourdissant, les musiciens ne s'entendaient pas, la balance était atroce ... de là à jurer qu'il y a eu coupure épistémologique, ou quelque chose comme ça, en juillet 1965, à newport, il y a loin ...

bob dylan/like a rolling stone/newport 1965
ça allait sérieusement s'accélérer quelques jours plus tard à new york ... pour l'enregistrement de highway 61 revisited, ou albert grossman nous avait invités, bernard gidel (appareil photo en bandoulière) et moi (gros magnéto à la main) ... je parlerais plus tard, plus loin, de cette séance fabuleuse où dylan enregistre presque la moitié de son meilleur album en un jour et une nuit ...
le reste du temps, on glandait à beverly hills, à écouter (et interviewer) des pop stars improbables (sam the sham and the pharaohs, herman's hermits, sonny and cher ... ...) et surtout à nous défoncer des nuits durant à new york, au village gate ou ailleurs, à écouter des musiciens encore plus défoncés, des musiciens de jazz noirs, , sun ra, archie shepp, john coltrane, cecil taylor, charlie mingus, thelonious monk (voir photo en bas du blog), et surtout le grand albert ayler ... ...

albert ayler/prophet (1965)
... des musiciens encore plus défoncés, dont certains carburaient à la fois à l'acide et au speed (archie schepp, pendant l'interview qu'il m'a accordée pour jazz magazine) ou une mixture encore plus hard (rhum coca/amphétamines/héroïne, ou quelque chose d'approchant...), celle que prenait dylan pendant l'enregistrement de highway 61 revisited ...
quelques semaines plus tard, je filais en arizona pour 5 ou 6 jours, sur le tournage d'eldorado: howard hawks, robert mitchum, john wayne devenaient mes amis ...
l'hymne de cet été free jazz 1965/acide, celui qui passait non stop à new york et sur les collines brûlées par le soleil de hollywood, c'était like a rolling stone, sorti en single hypnotique et électrique, avant même l'enregistrement de highway 61 revisited sur lequel il allait figurer en bonne place ...

bob dylan/ like a rolling stone (1965, take 6, b)
ce qui me reste de cet été 1965? ... des bribes de musique éparses: un joli solo à la guitare, quelques notes presque flamenco (mêlées de blues texan) que lightnin' hopkins enregistre gentiment à chicago, dans mon micro, juste après l'interview ... pretty, isn't it?, me dit il d'un sourire enfantin en réécoutant la mélodie minuscule, qu'il m'offre comme un cadeau de noel sous le soleil torride d'un été tropical ...
il me reste aussi d'archie shepp, colosse amical du free jazz naissant, sax/sosie improbable du grand lucky thompson, un solo, improvisé pour moi, au terme d'une rencontre improbable sous acide ... quelques mois plus tard, je ferais de ces quelques notes de tenor échevelées qu'il m'a livré avec un sourire gamin (le même que celui de lightnin' hopkins, quand il a réécouté les yeux fermés, en buvant une rasade de gin dans sa tasse en émail blanc, sa mélodie à la guitare), les notes d'ouverture de mon tout premier film, les pieds dans les nuages (et la tête dans la lune) ... ...


lightnin' hopkins/vietnam war (1965)/archie shepp/in a sentimental mood (1965)

sonny and cher/all i really want to do

i met them after their set, in a beverly hills club next to the charming old house i was living in with axel madsen (who was housekeeper, gardener, horsemeat eater, film critic, occasional script writer...) and who told me it had once been errol flynn's house ...
that was a very very long time ago, of course ... axel told me there used to be famous sex parties up there, at 8425 sunset boulevard ... ... remember, i got to live there from 1963 to 1965, years before it became a cemetary for peter bogdanovich and philippe garnier to haunt ...

sonny and cher in a strange version of bob dylan's song (1965)

other 1965 hollywood posts ...

.... (who's edward ludwig?/remember stuart heisler ... ... ) are on december 1

mercredi 1 décembre 2010

quand j'ai connu edward ludwig ...

quand j'ai connu edward ludwig, c'était l'été 1965 ... il était encore sous contrat avec allied artists, une petite compagnie pour laquelle il avait tourné un film que j'adore, the gun hawk (le justicier de l'ouest) deux ans plus tôt ... samuel fuller travaillait aussi pour allied artists mais avec plus de liberté à l'évidence, que ludwig ... ils avaient tourné shock corridor et the gun hawk à quelques semaines de distance, mais ludwig avait dû demander la permission, presque en tremblant (je n'invente rien), à son directeur de production, pour accorder un entretien au jeune rédacteur des cahiers du cinéma que j'étais ... on n'imagine pas fuller faire oeuvre de telles précautions ... un an plus tard, toujours avec allied artists, sam fuller tournera un second film, the naked kiss ...
même si edward ludwig, réalisait des films depuis 1920 (au départ sous le nom d'eward i. luddy), et même s'il avait dirigé des stars comme zazu pitts, edward g. robinson, mickey rooney, john wayne, james stewart, yvonne de carlo, melvyn douglas, deanna durbin, il était devenu timide et même peureux avec l'âge ... le système des studios pouvait briser les nerfs des réalisateurs les moins téméraires ...

that certain age (edward ludwig, 1938)

rajouter qu'
allied artists, entre 1955 et 1964 a réalisé une trentaine de films de toute beauté, signés tourneur (wichita, 1955), don siegel (invasion of the body snatchers, crime on the street), roger corman (attack of the crab monsters, not of this earth, 1956), william wyler (friendly persuasion, 1956), billy wilder (love in the afternoon/ariane, 1957), edgar g. ulmer (daughter of dr. jekyll, 1957), anthony mann (el cid, 1961, 55 days at peking, 1963), peter ustinov (billy budd, 1962), stuart heisler (hitler, 1964) ... ...
edward ludwig ne devait plus faire grand chose après ce merveilleux gun hawk qui raconte, en 1963, l'agonie du dernier et plus rapide tireur de l'ouest, atteint d'un cancer, et qu'on voit littéralement se décomposer à vue d'oeil à l'écran .. on appelle ça la mort au travail ...
juste avant, ludwig avait réalisé un beau film d'épouvante le scorpion noir (1957), et un épisode de bonanza en 1959 ... .. il signera encore un autre épisode de série télé (branded/le proscrit) en 1966 et attendra sagement la mort en rêvant à sa russie natale, dans sa petite maison au soleil de californie ... elle arrivera seize ans plus tard, en 1982 ... il venait d'avoir 84 ans ...

edward ludwig/bonanza (1959)

les dernières images, des images télé, d'un très grand cinéaste méconnu

first part of a rose for lotta, from famous tv series, guest starring yvonne de carlo/some of the last images shot by a great underestimated film director (1898-1982)

last part of a rose for lotta

edward ludwig/ the black scorpion (1957)
i had the chance to interview edward ludwig in hollywood, in the summer of 1965 ... he was a shy man, unaware of his cinematic genius ... he did not even mention, when i met him, that john wayne (they had worked together on wake of the red witch/le réveil de la sorcière rouge, in 1942) considered him to be the best director he had ever known ... ... my favourite ludwig film is the very last he directed, the gun hawk/le justicier de l'ouest (1963) with rory calhoun ...

jimi hendrix, 1965


jimi hendrix, 1965/with curtis knight

j'ai rencontré stuart heisler à hollywood en 1965 ...

j'ai rencontré stuart heisler (1896-1979) à hollywood au cours de l'été 1965, quelques jours après avoir discuté longuement avec un cinéaste oublié que j'admirais beaucoup, edward ludwig ... il avait été à vingt-cinq ans (et jusqu'en 1936, où il décide de passer à la réalisation) un monteur célèbre ... j'étais passionné par son cinéma sensuel, presque lubrique: les corps qui se frôlent, le désir qui naît à la tombée de la nuit, il savait évoquer ces choses là mieux que personne ... ... dans la vraie vie d'ailleurs, tout au long du long entretien que j'eus avec lui, il était distant, nerveux ... j'ai mis une bonne demie-heure à comprendre que s'il n'écoutait mes questions que d'une oreille distraite, c'est qu'il était impatient ... impatient de rejoindre sa toute jeune femme (qu'il venait d'épouser, il était d'ailleurs très jaloux du regard des autres hommes sur elle) ... et qui l'attendait dans la chambre à coucher, juste à côté ...
stuart heisler était l'inverse du timide et grassouillet edward ludwig: mince, bronzé, musclé, élégant, racé ... j'imagine que le jeune raoul walsh devait beaucoup lui ressembler ... ce même raoul walsh auquel heisler doit son film le plus célèbre (mais pas le plus beau), i died a thousand times, remake en scope couleurs d'un scénario que walsh aimait tellement qu'il le porta deux fois à l'écran ...
....(à suivre)

high sierra (raoul walsh, 1941) / colorado territory (1949, raoul walsh)

i died a thousand times (stuart heisler, 1955)

the glass key, a film noir classic by stuart heisler (starring alan ladd, veronika lake, brian donlevy, 1942)

blue skies (stuart heisler, starring fred astaire, bing crosby, 1946)

tokyo joe (stuart heisler, starring humphrey bogart, 1949)

storm warning (stuart heisler, 1951), sans doute mon stuart heisler préféré, de loin ... ... (end of the film)

the star (stuart heisler, starring bette davis, 1952)

hitler/stuart heisler (starring richard basehart, 1962)

the travels of jaimie mc pherson/the day of the haunted (stuart heisler, 1964, épisode 19), les toutes dernières images filmées par stuart heisler (pour la télévision, avec charles bronson)
EPILOGUE/PROLOGUE

de jolies scènes, sans doute filmées par stuart heisler pour ... the hurricane (1937, john ford/stuart heisler, non credité au générique), le film où john ford lui apprit son métier ... il y a pire comme professeur ...

" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."