dimanche 7 décembre 2008

when sophisticated black blues and early white country meet, c'est la plus belle chose du monde


tommy johnson/i want someone to love me (unissued test pressing, december 1929). on peut trouver ce titre dans le volume 8 de la formidable série noire/blanche "times ain't like they used to be"
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from nancy to sara, from sinatra's wife to dylan's

this is the rarest of the rare videos: frank sinatra's song about his wife nancy (with the laughing face), une video des films d'occasion mettant en scène frank au plus près, au plus nu de lui-même, juste accompagné par bill miller au piano, enjoy it while you can, it has been suppressed by youtube
les pires salopards, à youtube, ce sont bien sûr ceux qui suppriment une vidéo des mois après qu'elle ait engrangé des spectateurs/auditeurs enthousiastes: moi qui ait envoyé près de 400 videos, j'ai ainsi vu partir "send in the clowns"/sinatra (30.000 vues), blossom dearie (20.000), ainsi que des sublimes duos sinatra/bill miller (j'ai gardé celui-là pour l'exemple, il se peut que d'autres figurent encore dans mes archives, je n'ai pas la patience d'aller chercher) qui restent heureusement encore ici, sur mon blog ...
qu'on supprime une video dans les 5/6 jours, OK, qu'on l'interdise au moment de l'envoi, OK, mais ces autres pratiques douteuses et idiotes sont de purs scandales ... le pire du pire, allez y voir, c'est ce qu'ils ont fait à LAST KIND WORD BLUES de geeshie wiley que j'avais envoyé il y a six mois ... interdit apès 3000 vues enthousiastes au profit d'une version "documentaire" tirée d'un docu sur robert crumb, l'homme qui avait INTERDIT le copyright de ses oeuvres ... ...

ceci dit ... j'ai plus de réponses, de contacts, de dialogues sur YOUTUBE que sur mon blog : à croire que la musique décourage le commentaire .. et que seule la branlette langagière l'y encourage ... ...
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et juste après, dylan chantant pourr sa femme, sara, dans on propre film, son chef d'oeuvre méconnu, renaldo and clara

frank sinatra/nancy (live, melbourne, 1965)

bob dylan/sara (1975)
Georgia on my mind

La Russie est loin, très loin. La Géorgie aussi dont on ne cesse pourtant de parler, sans que ça permette d’y comprendre quelque chose. C’est trop loin de tout, trop loin de nous. Ma Géorgie à moi, ce n’est pas celle là. Elle est loin aussi mais elle est en moi. Je n’arrête pas d’y penser et d’y repenser, elle est « on my mind », comme le chantait Hoagy Carmichael, même s’il n’avait en fait composé que la mélodie, son copain Stuart Gorell en avait écrit les paroles en pensant à une autre Georgia … une fille évidemment, la sœur de Hoagy. Pourquoi penser à cette Géorgie là, direz-vous ? Parce qu’elle chante, bande de couillons, elle n’arrête pas, de Macon à Augusta, de Peg Leg Howell à Blind Willie Mc Tell, accents nasillards, traînants, énervés, languissants, criards. Sans oublier les hurleurs nègres de la soul, Little Richard, James Brown, Otis Redding, ces géorgiens certifiés qui savaient aussi se transformer en baladeurs sucrés la nuit venue. Dans la chaleur de la nuit, là-bas, même les chats chantent. Ray Charles savait faire ça mieux que personne, il était né à Albany, Georgia, et sa voix avait su transformer mieux que toute autre ce prénom de fille en chanson d’amour à pleurer toutes les larmes de son corps.

à droite: emmett miller
Mais celui qui chante le mieux la Géorgie, c’est un vieux copain à moi, un mutant. Il s’appelle Emmett Miller et je l’aime d’amour. Il avait tout contre lui au départ : né dans une ferme au tournant du siècle (1903, Macon, Georgia), il a passé sa vie à imiter les noirs dans des spectacles itinérants, sous des tentes où les artistes du 19ème siècle s’exerçaient encore à l’art grotesque et léger du vaudeville finissant.

emmett miller/god's river

emmett miller/anytime + she's funny that way
Que faire aujourd’hui d’un black minstrel, un blanc barbouillé au brou de noix, lèvres rouges démesurées pré-Jagger, pré-Armstrong, pré-tout ? Tout, on peut tout faire de ses chansons paillardes et bluesy, hagardes et hantées, où les sexes et les genres indifférenciés attirent les petits bourgeois blancs en quête de sensations, auxquels les conventions de l’époque interdisent d‘aller voir ou entendre chanter des Noirs. On ne se mélange pas si facilement, rappelez-vous. Emmett Miller, lui, mélangeait tout, à la fois travesti sexuel et racial, d’une audace obscène à faire se gigoter ses contemporains dans des décors de western finissant : ce que le jeune Charlot faisait au cinéma, le jeune Emmett le hurlait en musique en gigotant du cul au rythme des saxophones et des trombones des frères Dorsey. L’essentiel de sa production enregistrée, vingt titres de rêve, pré-rock, pré-pop, pré-tout, se trouvent réunis dans un disque indispensable, The Minstrel Man From Georgia que Sony Legacy a l’indécence de retirer régulièrement de sa prodigieuse collection, Roots N’ Blues, ce qui fait qu’il faut débourser plus de cinquante euros en ce moment pour se l’offrir …
J’avais hasardé ici même l’idée que le grand disciple méconnu d’Emmett Miller était un certain Bob Dylan, qui avait poussé le paradoxe, dès le début des années 70, à se grimer … en blanc pour renverser l’attitude d’Emmett et la poétiser à sa manière : masque en plastique blanc, une sorte de chaux livide à même son visage maigrichon, il était devenu un temps un vrai white minstrel, un vrai white face. Il a continué depuis et on peut dire que, musicalement, ses deux derniers disques sont des pastiches décalés et déviants des musiques d’Emmett Miller.
(A Suivre)
(Rolling Stone)

" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."