vendredi 7 novembre 2008

and then comes howe, vient le désir d'écouter du rock désertique du fin fond de l'arizona, and so here he is at long last, old howe gelb, a few months ago, in denmark, playing and singing better than ever .... et alors, pourquoi pas réentendre aussi his long gone guitarist friend, never forgotten rainer ptacek, in two stolen guitar dreams and white angel's voice de l'au-delà

howe gelb/giant sand/robes of bible black (2008)

rainer ptacek/life is fine (1993)/me and the devil  (1985)

who came first? bob dylan or the everly brothers? hey, man, that's a real damn good question


all i have to do is dream/the everly brothers (1958)
bob dylan (1969, nashville, with carl perkins)
when a composer sings his own song, it's always very touching, whether it's kurt weil, frank loesser, or the great harold arlen: ici, il chante son sublime  ill wind,  juste accompagné au piano ... et juste après, c'est la version immaculée de frank sinatra, tirée de  in the wee small hours ... en bonus, harold arlen, déguisé en vieux monsieur froissé, chante  the man that got away ....

harold arlen/ill wind
frank sinatra/ill wind

harold arlen/the man that got away
on est au début des années 50, et l'un des plus grands songwriters chante sa composition favorite, une berceuse, accompagné de sa femme, l'enregistrement est très rare et très beau, jusque dans sa maladresse ... juste après, la très méconnue lucy reed en donne une version très émouvante, pour ne pas dire plus
frank loesser sings his own song (a favourite of his) in a very rare recording with his wife, and then the the great lucy reed does her version ...

frank loesser and his wife/lucy reed and bill evans/inchworm
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ROBERT FRANK ET MOI
Robert Frank et moi, c’est une longue histoire. La dernière fois que je l’ai vu, c’était à Paris, il y a un an et demi. Il était venu assister en personne -ce qui ne lui arrive presque jamais- à une intégrale de ses films à Beaubourg. Pourquoi il s’était déplacé ce jour-là, on ne le saura jamais. Le principal, c’est qu’il était là, en face de moi, dans un café de St Germain des Près qui lui rappelait sa jeunesse. Je devais faire son portrait avec une amie, Brigitte Ollier, responsable des pages photos à Libération. On souriait à Robert, Brigitte et moi, mais on n’en menait pas large. On nous avait prévenu qu’il n’allait pas bien, mais là, à 50 cm de lui, il avait l’air plus mal que mal, si la chose est possible. Brigitte et moi, on essayait de lui redonner de l’énergie, on faisait ce qu’on pouvait pour recharger ses fusibles à coup de sourires, nos yeux vissés dans les siens dans l’espoir insensé de lui insuffler de la vie. Et on y est arrivés. Croyez moi ou non, une heure plus tard, c’était un autre homme. On s’est congratulés au moins six fois avant de le laisser repartir, et que je te caresse dans le dos (ça, c’est mon style, à l’américaine), et que je te murmure un mot doux à l’oreille (ça, c’est la spécialité de Brigitte), et que je te parle en américain (ça c’est moi) ou en français tout doux (ça c’est BO). Quand il est reparti, promis, juré, Robert Frank était vivant.
Ce qui s’est passé pendant ces soixante minutes de tête à tête, vous n’en saurez rien. C’est un secret. Un secret à trois, mais un secret quand même. Qui tient du sourire de l’âme, des techniques de guérison chamanique, ou de l’alchimie, ou de ce que vous voulez (si vous tenez à en savoir plus, procurez-vous le portrait de Libération que j’ai signé avec Brigitte Ollier, les quelques phrases que Robert a prononcées ce jour là y sont écrites, décrites, étalées
-ambiance en plus).
Ce que je sais de lui, je le savais déjà. Je vous le disais, Robert Frank et moi, c’est toute une histoire. Elle commence il y a vingt ans. A l’époque, en 1987, j’écris dans les pages cinéma de Libé. Je viens de voir un film qui m’a ébloui. Pas un chef d’œuvre, mieux que ça : un de ces voyages initiatiques que ceux qui n’ont pas beaucoup de vocabulaire, et encore moins d’imagination, appellent un « road movie ». Le film est signé Robert Frank, c’est son premier et son dernier film « commercial », Candy Mountain, écrit par un copain à lui, Rudy Wurlitzer (de la famille jukebox, oui), déjà connu pour Macadam à deux voies (Monte Hellman) ou Profession, reporter (Antonioni). Sujet en or : l’histoire du Stradivarius de la guitare électrique, un homme qui fuit la civilisation et que tout le monde recherche pour lui soutirer la formule magique de ses guitares électriques légendaires (ou un ou deux exemplaires de ses instruments qui s’arrachent à prix d’or).
J’aime le film, je rencontre Robert Frank (à l’époque, je sait à peine qu’il est photographe), je fais un entretien « classique » avec lui, le courant passe. Deux ou trois ans plus tard, il se souviendra de moi.
New York, 1989. Qu’est-ce que je fous là, devant la porte noire de Bleeker Street, à attendre que Robert Frank m’ouvre ? Je ne connais toujours pas ses photos et pourtant Brigitte Ollier m’a envoyé l’interviewer chez lui, à New York. L’homme qui m’ouvre n’est pas un photographe, c’est un homme. Bourru, pas bavard, mal réveillé, chaleureux. En quelques minutes, Robert Frank est devenu mon ami. Vous ne me croyez pas, pourtant j’ai à peine débarqué chez lui qu’il m’invite à y rester. Oui, je peux dormir là. Trois jours si je veux, oui. Les films de Robert Frank, c’est d’abord ça: une proximité amicale avec celui qui les regarde. Un accueil rugueux, immédiat. Y a-t-il d’autres films comme ça ? Non, il n’y en a pas.
Il faut dire aussi que le chemin qui mène aux films de Robert Frank est plus facile pour ceux qui n’y connaissent rien. Je n’avais vu à l’époque que Candy Mountain (qu’il n’aime pas beaucoup) et son film avec Jack Kerouac, Pull My Daisy (qu’il n’aime pas beaucoup plus), et il me semble que je les connaissais tous. C’est juste qu’entre lui et ses films il n’y a pas de différence. Pas de distance. Les yeux dans les yeux, vous vous reniflez et vous voyez bien si vous vous plaisez. Je sais ça aujourd’hui, à l’époque, j’étais largué, désorienté, c’est là qu’il m’a recueilli comme un oiseau perdu pour me laisser le temps de me refaire les ailes. J’ai connu d’autres artistes, d’autres cinéastes, aucun –même parmi les plus grands- n’a cette faculté de se confondre avec ses oeuvres. Ca pourrait être le pire défaut. C’est la plus belle qualité. Disons que c’est un homme qui accueille le regard. J’en ai connu deux autres qui sont un peu comme ça, générosité en moins, Godard et Dylan. Ce qu’ils ont en commun avec l’homme Frank, c’est une défiance à l’égard des admirateurs, une sorte de haine des fans, une manière d’hystérie devant l’amour des autres. Le fantasme de Godard, l’envie folle de Dylan, c’est d’être aimés par des gens qui ne les (re) connaissent pas. D’où leur hargne vis à vis des spécialistes et des groupies. Mais leur hystérie les fait fuir devant l’inconnu qu’ils espèrent pourtant de tout leur coeur. C’est le contraire pour Robert Frank. Je sais aujourd’hui qu’il a aimé en moi celui qu’il ne connaissait pas, celui qui n’y connaissait rien, celui qui ne le (re)connaissait pas.
Accueillir l’étranger et lui offrir l’hospitalité, c’est pour moi le premier et le plus beau film de Robert Frank. Les autres, j’ai peu à peu appris à les connaître et à les aimer, comme autant de lettres de lui. Une lettre, un regard, un sourire. Et ces trois jours avec lui, au fait ? Juste la visite d’une ville avec un vieux maître patient, une ballade dans le quartier chinois avec son fils Pablo, adolescent blessé, hypersensible, poétique, douloureux. Et un tas de chaussettes au pied du lit pour me rappeler que j’étais chez moi.
Je suis retourné voir Robert deux ans plus tard. Je venais de voir C’est vrai (One Hour), un film en vidéo qui m’avait ébloui : des acteurs lancés dans New York pendant une heure, un seul plan, toute une vie, mélange fabuleux de classicisme hollywoodien (disons Nicholas Ray pour aller vite) et d’expérimentation absolue. J’ai acheté la même caméra que lui (une Hi 8 Sony) mais j’ai vite compris que la caméra ne faisait pas le cinéaste, et j’ai laissé tomber. Il faut avoir été photographe pour l’avoir en main comme ça.
J’ai oublié de dire une chose, peut-être la plus importante. Si Robert Frank m’a accepté si vite, c’est qu’il a compris que la photo ne m’intéressait pas. C’est comme ça, le virus cinéma m’a toujours empêché d’attraper le virus photo. Robert Frank se considère depuis vingt ans au moins comme un cinéaste, et rien d’autre. Ses admirateurs ne cessant de le ramener à cet acte photographique qui ne l’intéresse plus, il consent du bout des doigts à livrer une ou deux photos de temps en temps, qu’il triture de lettres et de mots pour en faire de drôles de films immobiles.
Si j’avais douté un instant du désintérêt de Frank pour la photo, un détail m’aurait confirmé que j’étais sur la bonne piste. Quand j’ai évoqué le cinéma, à Paris, il y a un an et demi, il a sorti de sa poche une minuscule Sony numérique, lourde, brillante, discrète, secrète, tenant juste dans la main. Il a dit quelque chose comme «la petite caméra » en la faisant tourner dans sa main. Et il l’a remise dans sa poche. Il va falloir s’y faire : Robert Frank est un cinéaste.

Numéro (parution: fin août 2008)


trois versions d'une sublime chanson d'amour chewing gum de bécaud: la plus belle d'abord, immaculée, celle des everly brothers, suivie d'une interprétation presque désaccordée de dylan, pour finir par l'originale de monsieur gilbert ...
let it be me/the everly brothers

let it be me/ bob dylan

je t'appartiens/gilbert bécaud

" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."