lundi 7 juillet 2008

HERE COME THE THREE KINGS OF VAUDEVILLE ...
Blackface/Whiteface


WHITE/WHITE
bob dylan/just like a woman/knockin' on heaven's door (renaldo and clara, 1975)

WHITE/BLACK
emmett miller/sweet mama (papa's getting mad,1929)

emmett miller's only screen appearance (he's on the right)

BLACK/BLACK
bert williams/the mississippi stoker (1906)
... AND HERE'S THE QUEEN OF VAUDEVILLE ...

louis armstrong/SHINE (1930), one of the best examples of BLACK MINSTREL VAUDEVILLE PARODY (he's at the same time a blackminstrel and a transgenre queen)...
C'EST QUOI UN BLACK MINSTREL? voyez ces images sublimes d'évidence sensuelle et théorique à la fois, où un très jeune armstrong joue au BLACK MINSTREL et au TRAVESTI: no use quoting nick tosches or jacques lacan, all is here: this is black minstrelsy in itself, as well as "travestissement" and queer theory...


Blackface/Whiteface

Je lis beaucoup ces temps ci, ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Pas de romans ni de poésie, juste des trucs sur la musique, des biographies de grands compositeurs (Harold Arlen, Irving Berlin) ou de paroliers américains (Johnny Mercer, Dorothy Fields). Tous ces livres que j’achète depuis des années pour ne jamais les lire, je m’y suis mis enfin , allez savoir pourquoi. J’ai fini par me plonger dans tous les livres sur Dylan, anglais et américains, qui commençaient à faire de sérieuses piles dans tous les coins. J’en ai pris deux, trois, je ne me suis plus arrêté. Au moins deux semaines. Non-stop.
Sur la platine, un disque passait, toujours le même. Pas du Dylan, attention, on écrit des trucs plats en écoutant celui sur lequel on écrit. On se répète, c’est toujours redondant. Ce que j’écoutais, c’était le seul bon disque d’Ella Fitzgerald (des chansons sublimes gravées en 1950, avec le pianiste Ellis Larkins). Il passait en boucle, mais c’est la vie et l ’oeuvre de Dylan que je passais en revue jusqu’à l’îvresse. Synchro ? Désynchro ? Qui sait ?
J’ai trouvé une ou deux choses dont je ne me doutais pas. Des trucs si simples que personne n’y avait pensé. Ce que j’ai découvert de plus précieux, je vous le donne en mille, ce n’est pas que Dylan soit juif –ni même born again crétin-, c’est qu’il est blanc. Depuis toujours il est blanc mais il ne veut pas que ça se sache. White is white, c’est ça ? Oui. A special kind of white. A whiter shade of pale. Tellement blanc qu’il doit se déguiser pour faire oublier ça.
Je vois que vous êtes largués. Vous vous dites que je radote. Je suis gentil, je vais vous mettre les points sur les « i ». Vous savez ce que c’est qu’un black minstrel au moins ? Et un white minstrel ? Non évidemment. Alors allez à la ligne, je commence mon histoire.
Au dix-neuvième siècle , les blancs et les noirs se mélangeaient peu en Amérique. Pour que les bourgeois puissent entendre parler et chanter des noirs, des artistes de vaudeville blancs eurent l’idée de se grimer en noirs. Franchir la barrière raciale en s’enduisant le visage de brou de noix, tout comme les travestis ont permis de présenter aux mêmes bourgeois (soumis à une fidélité de convenance à leur épouse), une « autre » image de la femme, mise à distance, mise en scène. Les blacks minstrels (ou blackface) ont inventé des musiques étranges dont témoigne un génie oublié, Emmett Miller, le créateur de Lovesick Blues et l’inventeur du yodel transgenre, qui a inspiré Hank Williams, et plus près de nous un certain … Bob Dylan.
Si on rajoute que Dylan se peinturlurait le visage en blanc pendant sa minstrel tournée (Rolling Thunder Review, 1975), on y est. Blackface/White face, même combat . Attends un peu, Skorecki ! Dylan est un blanc qui se grime en blanc, pas un blanc déguisé en noir ! Ne pas oublier que les noirs aussi (Bert Williams, Louis Armstrong) ont joué les blackface, se passant le visage au brou de noix comme autant de caricatures d’eux-mêmes. Vous n’avez pas compris, tant pis. On voit toutes ces choses sur skorecki.blogspot.com. Des heures et des heures de minstrels, de crooners, de country. Si vous êtes pressés, écoutez plutôt Brandi Carlile. C’est ravissant.

(à paraître dans Rolling Stone, septembre 2008)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je viens de lire le livre de Nick Tosches "country, les racine tordues du rock'n'roll". Il y parle de Emmett Miller. Je suis arrivée sur ce blog via youtube et une de vos vidéos de Miller. Ce mec était somptueux. Merci pour ce blog qui va me procurer de bons moments dans les jours à venir.


" invraisemblable ou pas, crois-moi, c'est la vérité -et il n'y en a pas deux ..."